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« Par dessus l’étang, soudain j’ai vu, passer les oies sauvages… » Comme nous le dit Michel Delpech « ,  » J’aurais bien aimé les accompagner.. au bout de leur voyage » ! Mais pourquoi parcourent-elles de telles distances, que cherchent-elles? Comment font-elles? Comme à chaque fois que nous ne comprenons pas un phénomène – et la nature regorge d’exemples qui nous restent obscurs- nous trouvons le phénomène « normal » , évident, sans trop nous poser plus de questions. C’est simple, donc forcément efficace.
“La simplicité est la clé de toute véritable élégance.”– Coco Chanel
En matière de travail collaboratif, les oies sauvages peuvent nous en apprendre, si on observe bien le phénomène, elles nous donnent matière à réflexion sur les capacités d’adaptation, de coopération, de partage de leadership , de solidarité et d’entraide, dont elles font preuve en toute simplicité, parce qu’il y va de la réussite de leur projet commun. Les oies migratrices parcourent des milliers de kilomètres. Les avantages de leur vol en V sont riches d’enseignements sur les principes de fonctionnement de l’intelligence collective. Adaptation : Lorsqu’elles migrent, les oies, comme d’autres espèces d’ailleurs, apportent une réponse adaptative à des modifications saisonnières (ou conjoncturelles) de leur d’habitat, du climat, et de la disponibilité des ressources nécessaires à leur survie. La migration est une manière d’échapper à la destruction ou à la baisse de qualité de leur biotope et à la raréfaction de la nourriture pour des raisons climatiques entre autres. Elles maximisent aussi leurs chances de reproduction. S’adapter aux changements de l’environnement est essentiel pour durer. Les oies captent les signaux faibles de la nature pour adapter leur périple (vitesse de vol, dates de départ..) . Ce n’est pas toujours efficace au final, mais à la longue? L’avenir le dira. Cela nous apprend au moins une chose sur nos processus adaptatifs, il n’est pas nécessaire d’attendre qu’une crise majeure survienne pour enclencher des changements. Des signaux apparaissent dans l’environnement qui annoncent les prémices de la crise à venir. Ces signaux s’intensifient parfois même de manière importante sans que nous ne fassions rien de très marquant pour anticiper ladite crise.. Exemples : fonte des glaciers, désintérêt croissant des citoyens pour les élections, progression de l’obésité dans les pays dits riches, mais aussi désaffection des jeunes pour les études scientifiques, changement de rapport à l’emploi pour la génération Z, etc, etc.. les signaux de ce genre sont pléthore). Qu’attendons-nous pour bouger? Coopération : Quand les oies migratrices volent en formation groupée en « V », elles économisent de l’énergie. Les battements d’ailes de celles qui sont devant génèrent un courant ascendant qui soutient le vol de celles qui suivent. Airbus, à travers son programme « fello’fly » envisage de recourir à cette technique pour les vols long-courrier, qui devrait générer 5 à 10% d’économie de carburant par vol, contribuant aussi à réduire les émissions de CO2. « Lorsqu’un oiseau bat des ailes, de l’air passe sur les ailes et tourbillonne vers le haut derrière les extrémités des ailes. Cet écoulement crée un sillage, mouvement d’air tourbillonnant contenant de l’énergie cinétique. Les oiseaux migrateurs en tête volant en formation groupée fournissent l’effort pour ceux qui suivent derrière, lesquels bénéficient des turbulences ainsi créées, en restant en l’air et en dépensant beaucoup moins d’énergie » explique l’avionneur. En volant ainsi, les oies augmentent de 70% leur durée de vol par rapport à un oiseau qui volerait seul. Dans les organisations, l’esprit d’équipe, la cohésion et l’intelligence collective créent une émulation dynamisante et des résultats tangibles. Encore est-il nécessaire pour cela que le leader promeuve un « vrai » travail collaboratif à travers des pratiques et une posture facilitantes: faire confiance, déléguer, responsabiliser, donner des signes de reconnaissance, faire des feed-back, connecter l’équipe au sens de la mission collective.. de façon à ce que chaque membre de l’équipe développer son propre leadership au profit du collectif? A quand le « leadership en V » dans les équipes? Un leadership partagé : les oies optimisent leur vol en adoptant un leadership tournant. Quand l’oie leader est fatiguée, elle vient se placer à l’arrière de la formation et laisse sa place à l’avant à une autre oie qui devient leader à sont tour. Cela permet de garder la vitesse de croisière et le cap. Les oies de tête dépensent plus d’énergie que celles qui sont derrière, elles sont donc stimulées par leurs congénères qui poussent des cris d’encouragement. Chaque oie connait la direction que le vol doit suivre, chaque oie est donc en mesure d’assurer le leadership. Dans une équipe performante ou chacun connait et partage une vision ou une direction, le leadership peut être partagé. Et, chacun peut encourager ses collègues à se dépasser. Le soutien mutuel et la solidarité : pendant le vol, la solidarité et le soutien mutuel s’exerce au bénéfice du collectif. Cependant, si une oie tombe malade ou se blesse en volant, elle va s’extraire du groupe pour ne pas pénaliser la progression, et elle sera accompagnée au sol par une ou deux autres oies qui vont lui apporter aide et protection. Elles restent avec l’oie malade jusqu’à ce que celle-ci soit de nouveau en capacité de voler ou qu’elle meure. C’est seulement à ce moment-là qu’elles reprennent leur voyage, en rejoignant soit leur formation soit une autre. Que se passe-t-il dans nos organisations quand l’un d’entre nous est en position de fragilité passagère, en besoin de soutien pour faire face à une situation tendue à fort enjeu? Que se passe-t-il quand un membre d’une équipe se voit reprocher de ne pas savoir bien animer une réunion, ou ne pas avoir rendu un travail dans les temps? Ou est la solidarité? Ou se cache le soutien qui permet à chacun de progresser et de se remobiliser pour affronter une difficulté? …. Allez, levons un peu les yeux et gageons qu’en regardant passer les oies sauvages, par dessus l’étang, nous trouverons de belle inspirations pour nos entreprises ! Florence FARGIER – 9/07/2020